Championnat d’Europe 5O5 2007 - Sopot, Pologne
Date: Lundi, septembre 03 @ 23:59:18 CEST
Topic: Regatta


Par Philippe Jacot

A la fin du mois de juillet, René Betschen et moi-même nous sommes décidés à nous inscrire au Championnat d’Europe qui s’est couru à Sopot, au Nord de la Pologne. Mitigés comme la plupart des coureurs de cinquo à se déplacer dans des contrées aussi inconnues et à priori pas très sexy, nous avons pris la route pour avaler les 1600 km nous séparant du lieu-dit. Bien nous en a pris, car il n’y a pas que le site qui soit sexy, venteux et bien équipé, les jeunes polonaises également sont aptes à combler sans problème les quelques degrés de déficit induit par la latitude…

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Le décor posé, René et moi avons entrepris le championnat dans un état d’esprit tout guilleret. Cela faisait bientôt 10 ans que nous n’avions plus régaté ensemble. Qu’à cela ne tienne : On part bien, on marche comme des balles au près dans la brise (18-22 nœuds) de cette première manche avec nos toutes nouvelles voiles Pinnell jamais essayées, et on enroule la première bouée en tête! Le spi grimpe et claque, et on part sur le vent arrière en mode reaching avec Hunger, Pinnell, Saugman, Bojsen-Moller ou autre Bohm (Musclor) sur nos talons. Pas un mètre qu’ils auront ! On règle, on paufine la dérive, le hâle-bas, etc.. et après quelques minutes on se dit qu’il serait bien de regarder où est la bouée sous le vent. On la cherche sous le spi - comme tous les autres d’ailleurs - et on la trouve déjà bien en vue derrière la grand-voile… On empanne, - comme tous les autres qui ne nous ont toujours pas mis un mètre -, on regonfle le spi, on monte au trapèze et.. on constate que l’on se la fait pas - comme tous les autres, mais qui sont tous bien au vent maintenant…. Encore quelques abattées violentes dans les grosses risées et il faut descendre le spi pour finir au bon plein. On enroule 6, dans le tas . Pinnell en profite pour prendre la tête et ne plus la lâcher. On se bat au près contre toutes les pommes qui se trouvent autour de nous et on rattrape bien : une place, on est 5 en haut. On remet le spi pour le largue. Ca teuffe à coin comme disent les vaudois, on fait pas la bouée. On monte pratiquement toute la dérive. Du coup on en passe un ou deux qui n’ont pas eu cette bonne idée et font marche vers la Russie. On approche de la bouée ; devant Pinnell enlève le spi, empanne dans les bourrasques et entame le second largue sans spi dans une gerbe d’écume d’eau presque pas salée. On décide de l’enlever aussi. René ne peux plus le faire : c’est trop fort. Je le descend donc, le tangon rentre, je reprend mon trapèze et…. Le vent tombe d’un coup à 5-6 nœuds et tourne à droite tout aussi sec, on avance plus ! On en bave des ronds de chapeau !. Les gars qui allaient en Russie en profitent pour lofer, arriver par-dessous comme des bombes, s’engager, empanner et repartir sous spi comme des flèches, nous laissant sur place, vent arrière à 20m de la bouée sans spi….On empanne la bouée à notre tour, remontant le spi dans la foulée. On est du coup 13ème et on doit se battre pour ne pas en perdre plus. On gardera cette place, remontant légèrement dans le classement au près et perdant souvent dans les bords de portant dans ce vent de terre qui oscille en force et en direction au gré des nuages et des grains.

Le récit de cette première manche en dit long sur l’équipage qui va gagner : adaptatif, intellectuellement et physiquement véloce, capable de faire un cap terrifiant au près dans l’eau plate, réglant continuellement leur bateau, devinant avant les autres sous quel angle sera le prochain grain. En bref : les frères Bojsen-Moller. Ces deux-là ont été comme des poissons remontant le courant d’une rivière. Un peu à gauche, un coup à droite, descendre avec la risée quand les autres lofent et en sortent…. Du nez, du talent, de la modestie. Des champions comme on les aiment, tout comme leur daufins, Jan Saugmann et Morten Ramsbarle, frais champions du Monde en Australie. Les Danois ont assurés et ont repoussés sans coup férir les assauts de la Wehrmacht, Shomake/Gorge (Une fille blonde comme les blés !), Dr. Hunger et Mr. Jess et Hermann/Kleiner en tête. Il faut remonter jusqu’à la 7ème place pour trouver le premier anglais - même pas Pinnell, qui a souffert et finit 11ème-, 10ème pour trouver l’Australien Quirk Michael, et 15ème pour trouver le premier Suisse.
Une organisation PARFAITE et des gens (j’allais dire filles) charmants ont cimenté le tout.
Sopot mon amour, on reviendra.

Philippe Jacot
SUI 8729

Le classement






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